Mohamed
Elyazghi a démissionné de son poste de premier secrétaire de l’USFP.
Dans un communiqué, rendu public hier, le dirigeant démissionnaire a
annoncé son départ, en révélant également sa décision de geler son
activité au sein du bureau politique, jusqu’à la tenue du Conseil
national du parti. Il a, par ailleurs, appelé à la tenue «dans les
meilleurs délais» du 8ème congrès du parti, précisant que ce congrès
doit être préparé par des «militants capables de mobiliser toutes les
potentialités du parti et d’attirer d’autres militants à ses rangs».
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La
décision du dirigeant partant intervient au lendemain d’un «bras de
fer» musclé avec les membres du bureau politique, lors d’une houleuse
réunion tenue samedi après-midi au siège de l’USFP à Rabat. Le BP avait
sommé, encore une fois, le premier secrétaire démissionnaire, ainsi que
le premier secrétaire adjoint, Abdelouahed Radi, de démissionner de
leurs postes. Au départ, le bureau politique a proposé à M. Elyazghi de
démissionner, présentant cette option comme le meilleur moyen de
s’assurer une «sortie honorable». Mais ce dernier a rejeté cette
demande, et menacé de convoquer une réunion urgente du Conseil national
en vue de statuer sur la question. Toutefois, la tension est montée
d’un cran, au point que des membres de l’USFP ont brandi une «lettre de
licenciement» à la face de M. Elyazghi. Ce dernier, qui comptait sur le
soutien de quelques membres du BP, dont l’ancien ministre de la
Culture, Mohamed Achaâri, finira par faire l’unanimité contre lui, au
point que même ses fidèles alliés de l’ancien PSD ont fini par céder.
Contacté hier par ALM, Driss Lechgar, membre du BP de l’USFP, n’a pas
voulu faire de commentaire, laissant toutefois entendre que les jeux
étaient déjà faits. En clair, M. Elyazghi avait le dos au mur.
«Juridiquement, le bureau politique a toute latitude de démettre le
premier secrétaire. Ce dernier a été choisi par les membres du BP, et
non par le Conseil national», a déclaré à ALM Hassan Tarek, ancien SG
de la Jeunesse USFP. «Le Conseil national a élu les membres du bureau
politique et non pas le premier secrétaire», poursuit M. Tarek,
également juriste. Cela revient à dire que la menace proférée par M.
Elyazghi, à savoir convoquer le Conseil national, ne tenait pas debout.
Pas plus d’ailleurs que l’argumentaire présenté par le BP.
«Démissionner ou être démis, c’est du pareil au même, puisque tout le
monde aura compris qu’il s’agissait d’une démission par obligation»,
explique un dirigeant USFP, qui a souhaité garder l’anonymat. Reste que
la décision du BP n’est pas entendue de la même oreille. Les partisans
de M. Elyazghi estiment que ce dernier «n’est qu’un bouc émissaire»,
ajoutant que la crise qui affecte l’USFP est une responsabilité
collective. «Tous les membres du bureau politique doivent
démissionner», affirme un député USFP. Reste la question de la gestion
du parti dans la période post-Elyazghi. Des sources au sein de l’USFP
évoquent la thèse d’une «direction collégiale», en attendant la tenue
du Conseil national dans les semaines à venir. «C’est au Conseil
national que reviendra le dernier mot sur une crise qui ne concerne pas
uniquement l’avenir de la direction du parti socialiste, mais aussi sa
participation au gouvernement. Cette crise risque d’affaiblir davantage
la position de l’USFP, sorti déjà fort laminé de l’épreuve du 7
septembre». L’USFP compte cinq ministres dans le gouvernement Abbas El
Fassi, dont Mohamed Elyazghi, vivement critiqué par les siens pour
avoir accepté un ministère sans portefeuille.
Aujourdhui.ma
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